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21 juillet 2008

Bravo l'exemple !

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  Nous nous préparons à monter les étages. Nous sommes une bonne dizaine. Au deuxième étage, un différend familial. On nous a rencardé bien avant : un jeune homme, très en colère envers sa mère, pique une crise et exhibe un fusil de chasse. C'est donc très naturellement que la mère de ce dernier a fait appel à nos services. Donc nous sommes là, mettant nos gilets pare-balles individuels par dessus nos chemises, alors qu'ils doivent normalement être mis sous la chemise en début de vacation. Mais ces gilets sont à notre goût trop chauds pour s'additionner à la moiteur de cette soirée estivale. L'adrénaline monte... avec une éventuelle arme à feu comme cadeau de bienvenue, l'adrénaline ne peut que monter. Nous nous engouffrons dans le hall de l'immeuble et nous grimpons deux à deux les marches qui mènent au deuxième étage. Le palier est suffisamment étroit pour que la dizaine que nous sommes déborde dans l'escalier reliant le premier et le second. Coups sourds du premier de file sur la porte. La porte reste close. Le collègue insiste. La porte s'entrebaille, puis brusquement s'ouvre en grand. Une silhouette apparaît. Elle tient quelque chose dans les mains. Je ne vois pas très bien, je suis en milieu de la file, dans l'escalier. "Lâche ça, tu lâches ça !!!" s'écrie le collègue se trouvant nez à nez avec ce jeune individu. Je comprend alors... le collègue sort son arme... réflexion... pas plus d'une demie seconde... le braqueur va t-il tirer ? Va t-il appuyer sur cette putain de détente, qui a dans ce temps extrêmement court le pouvoir de faire basculer une vie... des vies. "Tu lâches ça tout de suite, pose le parterre !". La demie seconde s'est largement écoulée. Le collègue a choisi. Si dans ce laps de temps l'individu avait fait feu, le collègue n'aurait pas eu le temps de réitérer sa demande. Il serait au mieux gravement blessé, au pire... mort. L'individu fini par déposer l'arme à terre. Il est toujours dans son domicile, il n'a pas franchi le seuil d'entrée. Qu'importe, devant l'urgence de la situation, nous lui sautons dessus et le tirons sur le palier. S'ensuit alors une mêlée inextricable afin de maîtriser ce dernier. Bien sûr, en école de police on nous a appris des tas de gestes bien propres pour procéder à une interpellation bien propre, avec des clés de bras par-ci, des prises par-là... mais dans des instants pareils, on oublie tout ça et on interpelle, tout simplement. Qu'est-ce que ça donne ? Un bric à brac pas possible, où chacun essaye de passer les menottes à l'individu, ce qui fait 36 mains autour d'une, voire deux où trois paires de "pinces". A ce moment là, les "gestes techniques et professionnels d'intervention" sagement enseignés dans les écoles de police sont un lointain souvenir. L'individu est revêche. Des jambes et des bras moulinent sans que chacun ne sache au juste à qui ils appartiennent vraiment. Un jeune fille grimpe les étages et passe devant ce tas humains s'agitant comme un paquet de vers. Au milieu des cris elle s'écarte à peine et continue son trajet afin de gagner les étages supérieurs. Elle n'a pas l'air plus surprise que ça. Sa réaction est plutôt étonnante. C'est marrant... dans le chaos de la situation, j'arrive à capter ce détail. L'individu est enfin maîtrisé. Il est fait comme un crabe à qui l'on exerce une forte pression sur le dessus de la carapace. Il est scotché au sol. Soudé comme un insecte sur un papier tue-mouche. La mère du jeune homme : "Lâchez-le ! vous lui faîtes mal !". Hystérique, elle est hystérique. Nous faisons mal à son adorable rejeton qui vient de nous braquer avec un fusil de chasse. Cet adorable enfant d'une vingtaine d'année... qui aime la police et qui l'exprime. La mère est de plus en plus agitée, nous devons la maîtriser. "Lâchez mon fils, enfoirés, brutes !". Mais madame, je crois savoir que c'est VOUS qui avez pris votre téléphone pour réclamer de l'aide. C'est vous qui étiez désemparée face à votre adorable marmot en crise, élevé aux armes à feu... en effet, votre appartement est truffé d'armes de poings en tout genre alors que vous n'avez aucune autorisation. Nous interpellons donc le fils et la mère. La pression retombe. L'individu se calme. Deux étages à descendre pour regagner les véhicules. Sous l'essuie-glace de l'un des véhicules est coincé un petit morceau de papier sur lequel est inscrit négligemment : "Bravo l'exemple de la police ! vous êtes trés bien garés, félicitation ! j'ai pris le numéro d'immatriculation du véhicule". Il est vrai que nous nous sommes stationnés à la hâte, mais pour gérer une intervention urgente. Nous avons aussi été braqués avec un fusil chargé. Je vous laisse juge.

policeline

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