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21 juillet 2008

LE HALL

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  Un hamburger entamé gît au milieu des immondices sur le carrelage poisseux. Les boîtes aux lettres sont défoncées, les murs sont souillés par les semelles, les traînées de cigarettes, les énigmatiques tags assortis de couleurs hideuses : Le hall d'immeuble...

  Plantés au coeur des relents de pisse, de graillon et de cannabis, ils forment un concile, dans cette cathédrale de crasse, de moines cisterciens engoncés dans leurs capuches, écouteurs vissés sur les oreilles et bières agrippées par des doigts lestés de chevalières charnues.

  Le pétard est terminé. Balancé par terre. Qu'importe. De toute façon, la corbeille cabossée ne présente plus de fond et le cendrier jadis vissé sur l'un des murs n'est plus : en lieu et place, le sourire perfide d'une cicatrice sillonnant  le plâtre, vestige d'un objet autrefois utile à la communauté.

  Ils crient, ils hurlent, se moquent éperdument de l'heure tardive qui assoupie la fourmilière. Les boyaux de couloirs et de cages d'escaliers charrient l'écho de leurs aboiements sauvages jusque dans les chambres à coucher. Éclairés par la lumière crue d'un globe fendu, ils agitent leurs mains dans un rap improvisé qui "nique" l'état et la police. Il vomissent leur haine et crachent leurs phrases assassines dans une rivière d'insultes.

  Le reste du joint fumant jeté nonchalamment au sol entame le tapis-brosse. Pas grave... les locataires qui se lèveront demain matin afin d'aller travailler ne verront pas la différence; ce paillasson est déjà très largement pilonné par les raids aériens des mégots incandescents. Il le sera certainement encore demain, dans le vacarme qui s'élève de cette tour comme les vibrations d'un souffle dissonant qui court les tuyaux d'un orgue vicié.

  La barrette de shit est planquée dans l'une des rares boîtes aux lettres dont la serrure fonctionne, au cas où les keufs débarquent. Soirée fumette, soirée pour s'évader... rêver de devenir de grands chanteurs de rap explosés de tunes qui roulent en grosse cylindrée. Le fric du deal ne suffit pas, les vêtements de marque de la tête au pied non plus.

  Enveloppés dans la sphère cotonneuse du chanvre indien, ils se racontent leurs derniers exploits : les voitures incendiées dans le parking de la cité, le caillassage des pompiers, les cavales en scooter avec la police...

  Les pupilles sont dilatées, les bouches sont pâteuses, le rythme des pulsations cardiaques redouble. Ils sont heureux. Le monde peut s'écrouler, il s'en tamponnent. Il ne manquerait plus qu'ils soient dérangés. Ils n'aiment pas être dérangés.

  Derrière le reflet des carreaux, des silhouettes sombres, des épaulettes, des insignes réfléchissants. Ils approchent.

  Les keufs...

policeline

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